jeudi 28 février 2008

Le cadeau de Pierre-Karl pour le 400e



Sans doute inspiré par la fontaine de Tourny, Pierre-Karl Peladeau a décidé de souligner le 400e en offrant de nouveaux records à une population fière de sa différence. Record du journal publié le plus longtemps sans journaliste, record du plus long conflit dans un quotidien (deux fois de suite!)...Ce n'est pas Montréal qui peut se vanter de ça, non madame, grâce à Pierre-Karl c'est Québec à qui revient l'honneur! Hourra pour la capitale!

Le 2 mars, le lock-out au Journal de Québec deviendra le plus long conflit à survenir dans un quotidien francophone au Canada, dépassant en durée celui du Soleil (1977-1978)
Blague à part, on a tendance à l'oublier mais la région de Québec vit actuellement l'un des plus importants lock-out de la province. Pétro-Canada, dans l'est de Montréal, a réussi récemment à mettre plus de syndiquéEs à la rue mais le Journal de Scabec bat des records de longévité. Onze mois que ça dure. Ça fait tellement longtemps qu'on les voit tous les matins qu'on a oublié que les artisanEs de Média Matin Québec sont en lock-out et que leur journal est un moyen de pression (tiens, un autre record: le journal publié le plus longtemps sans patron).

Un patron de choc

Le père Péladeau était un capitaliste mais il respectait ses employéEs. En fait, étant donné qu'il devait une bonne partie de ses succès d'éditeur aux déboires syndicaux de la compétition, le bonhomme avait une peur bleue des grèves. Il a même signé un contrat notarié avec un syndicat-clef, les imprimeurs du Journal de Montréal, limitant la durée de toute grève ou lock-out et imposant l'arbitrage obligatoire après l'expiration de cette limite de temps. En 40 ans, le Journal de Québec n'avait jamais connu ne serait-ce qu'une seule journée de grève.

Comme patron, Pierre-Karl Peladeau n'est pas mieux que son père... il est pire! Selon le Syndicat canadien de la fonction publique (qui syndique, comme son nom ne l'indique pas, bon nombre d'employéEs de l'empire Quebecor), les lock-out sont apparu depuis que le fils a pris les rennes de la compagnie. Dans les dix dernières années de la vie du père, il y a eu 3 lock-out chez Quebecor Media, tous au Journal de Montréal alors que... c'était le fils qui menait les négos! Depuis la mort du fondateur de l'empire, il y a eu 9 autres lock-out dont certains très long (un an chez Videotron). (Source)

Bref, Pierre-Karl est un patron de choc (c'est peut-être dû à son passé trotskyste? Who knows? Les renégats sont souvent les plus rats...). Et ça se reflète dans toutes les sphères d'activités. Il n'y a pas que les syndiquéEs qui goûtent à la médecine de cheval, parlez-en au CRTC ou au Fonds canadien de la télévision. Encore heureux qu'il ne fasse pas comme l'autre grand patron de presse «québécois» et qu'il ne s'oblige pas de politicienNEs!

Drette dans le mur?

Combien de temps l'empire pourra-t-il se payer le luxe d'un lock-out? Les journaux sont des bibittes fragiles, Quebecor devrait être bien placé pour le savoir puisque ses quotidiens ont commencé leurs ascension à la faveur de grèves longues et dures à La Presse et au Soleil. Selon les chiffres de l'industrie, l'autre quotidien de la capitale a gagné plus de 10 000 lectrices et lecteurs dans les premiers six mois du lock-out. Combien de temps lectorat et annonceurs tolèreront-ils un journal mal écrit par on ne sait trop qui et mal imprimé on ne sait trop où? C'est déjà surprenant que ça ait duré jusqu'ici.

À «Tout le monde en parle», le général Dallaire a presque traité de naïf le porte-parole des lockoutéEs. Selon lui, il est loin d'être certain que les syndiquéEs retournent un jour au travail. Et si Quebecor était prêt à tuer le Journal de Québec au profit d'autre chose de moins couteux mais tout aussi payant? Déjà que des lockoutéEs, Michel Hébert par exemple, murmurent que ce lock-out est un licenciement massif déguisé...

Une porte de sortie

Jusqu'à maintenant, les lockoutés du Journal de Québec ont fait preuve d'imagination et d'audace pour s'attirer et conserver la sympathie des gérants d'estrades radiophoniques et d'une opinion publique pourtant réputée pour son antisyndicalisme. Pas de piquetage, pas de vandalisme, une image de bons gars et de bonne filles, travaillant et propres sur eux et elles. Comme dirait Anne Sylvestre, ça ne se voit pas du tout (que ce sont des syndiquéEs en lutte). Sauf que, bon, c'est insuffisant. Faudra trouver mieux pour augmenter la pression.

Ce sont les collègues de la compétition qui offrent la meilleure porte de sortie pour augmenter la pression. Depuis quelques mois, des journalistes expriment spontanément leur solidarité en refusant de travailler en présence de scabs de Canoe. Et ça marche! Au point où le premier ministre s'est senti obligé de demander aux journalistes d'arrêter de le faire (Source). Ce serait bête que la concurrence syndicale (la majorité des journalistes solidaires sont à la CSN) empêche les lockoutés de faire appel à la solidarité de caste (on parlera quand même pas de classe ici... ;-). Après tout, le refus de collaborer avec des jaunes n'est-elle pas la plus vieille arme de l'arsenal syndical? À quand un mot d'ordre clair?




Un recordman? Serge Turgeon a eu le «privilège» de vivre de l'intérieur les deux plus long conflits de l'histoire des journaux francophones. En effet, à 26 ans, il était des grévistes du Soleil. Aujourd'hui, à l'aube de la retraite, il est des lockoutés du Journal de Québec (Source). Du côté patronal, J-Jacques Samson a le même «privilège» (sauf que lui, il reste bien au chaud). Faut croire qu'y a des gens qui ont un karma...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est pas juste aux journalistes de boycotter les jaunes de Canoë : toutes celles et ceux qui sollicitent les médias pour de la couverture de presse devraient également le faire, même si ça veut dire un ou deux articles de moins pour parler d'un enjeux ou d'une campagne. Anyway, les scabs ont tellement besoin de couvrir "quelque chose" qu'ils se rabattent par dépit sur les communiqués de presse.

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