mercredi 12 mars 2008

La minute du patrimoine révolutionnaire: L'Internationale



La minute du patrimoine est une chronique musicale. L'idée est de faire connaître l'histoire et les dessous de certaines chansons révolutionnaires.

L'Internationale est la chanson révolutionnaire par excellence. On l'associe abusivement au mouvement communiste (marxiste-léniniste) mais elle appartient à l'ensemble du mouvement révolutionnaire.

Le texte de la chanson a été écrit par Eugène Pottier, en juin 1871, en pleine répression de la Commune de Paris. Militant de l'Association internationale des travailleurs, Pottier est élu membre de la Commune et de la Fédération des artistes. Suite à la répression, il doit s'exiler en Angleterre, puis aux États-Unis. Il est membre du Conseil général de l'Internationale lorsque celle-ci est transféré de Londres à New-York. Lorsqu'il retourne finalement en France, il se définit comme communiste anarchiste.

Le texte de L'Internationale a failli être perdu à jamais. Dans les années 1880, Pottier est très pauvre et n'a plus la cote. Il réussi quand même à emprunter l'argent pour sortir un recueil de poèmes en 1883, mais L'Internationale n'y figure pas. Ce n'est qu'en 1887 que d'ancienNEs communardEs lui rendent un hommage en éditant ces «Chants révolutionnaires» dans lequel figure, enfin, L'Internationale. Quelques mois plus tard, l'auteur meurt dans le dénuement le plus complet.

À l'origine, L'Internationale avait été écrite pour être chanté sur l'air de La Marseillaise. Heureusement, un compositeur lui a trouvé un autre air! Il s'agit de Pierre Degeyter, un ouvrier lillois, compositeur amateur qui a fait la musique à la demande Gustave Delory, maire socialiste de la ville. L'idée était de faire un hymne pour la société musicale municipale: La Lyre des travailleurs que dirige Degeyter. Une brochure, diffusée à 6000 exemplaires en 1888, publicise le texte et l'air de la chanson qui est rapidement reprise ici et là. Fait cocasse, la paternité de la musique a longtemps été contestée (jusqu'en 1922... ). Le maire de Lille insistant pour dire que c'est Adolphe Degeyter, et non Pierre, qui en est l'auteur. La différence, l'un est employé municipal, l'autre pas, ce qui renforce le prestige du maire et de la mairie... Curieusement, pour une telle chanson, une société française, Le chant du monde, en possède les droits jusqu'en 2017!

Un texte subversif

Le couplet maudit

Les Rois nous saoulaient de fumées.
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
Le texte de L'Internationale est profondément subversif, au point même où il doit être amputé de son couplet antimilitariste pour être légal. La répression est brutale, en 1894, le secrétaire de mairie de Gaudry, Armand Gosselin, est emprisonné pendant un an. Chef d'accusation : provocation au meurtre et à la désobéissance militaire pour l'avoir chantée. L'imprimeur écope d'un an de prison également pour avoir eu l'audace de mettre sous presse L'Internationale. Plusieurs versions sont donc imprimées sans ce couplet qui revient à la mode plus tard pour être de nouveau supprimé dans les versions staliniennes (l'ensemble de la chanson passant à la trappe en 1944).

Un autre couplet, le dernier, ne passera pas à la postérité, trop associé à la Commune. Le voici:
L'engrenage encor va nous tordre:
Le Capital est triomphant;
La mitrailleuse fait de l'ordre
En hachant la femme et l'enfant,
L'usure, folle en ses colères,
Sur nos cadavres calcinés
Soude à la grève des salaires
La grève des assassinés.
C'est la lutte finale,
Groupons-nous et demain
L'Internationale sera le genre humain.

Deux pages pour en savoir plus:
Histoire de l' Internationale
Histoire du chant de l’Internationale

Une trentaine de versions en MP3!

Les paroles:

L'INTERNATIONALE
(Version française stabilisée en 2007)

Couplet 1 :

Debout ! les damnés de la terre
Debout ! les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère :
C’est l’éruption de la fin
Du passé faisons table rase
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !

Refrain : (2 fois sur deux airs différents)

C’est la lutte finale
Groupons nous et demain
L’Internationale
Sera le genre humain.


Couplet 2 :

Il n’est pas de sauveurs suprêmes :
Ni Dieu, ni césar, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !

Refrain


Couplet 3 :

L’Etat opprime et la loi triche ;
L’Impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche ;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois ;
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
« Egaux, pas de devoirs sans droits ! »

Refrain


Couplet 4 :

Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu’il a créé s’est fondu.
En décrétant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.

Refrain


Couplet 5 :

Les Rois nous saoulaient de fumées.
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Refrain


Couplet 6 :

Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
L'oisif[3] ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !

Refrain

(Source: Wikipedia)


Une version moderne, par le rappeur Monsieur R:

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