jeudi 10 juillet 2008

Québec, ville dépressionniste



Québec a une histoire double. Peu de cités, comme cette capitale nationale, se présentent au monde entier lustrées, polies et radieuses, alors que dans leurs souterrains s’entrecroisent l’hypocrisie, la bêtise et l’arrogance des élites municipales. Elle est l’exemple par excellence d’une ville qui s’est développée par l’anéantissement systématique de son centre au profit de l’horreur banlieusarde. Québec dépérit ostensiblement sous sa muséification, son abandon à la spéculation grossière, son conservatisme grandissant, son esprit policier et sa dissolution dans les océans de périphéries conformistes. Au fil du temps, cette ville est devenue dépressionniste. Et l’ennui que ressentent ses habitants vient le confirmer.

Dans cet ouvrage, une dizaine d’auteurs examinent l’histoire, la géographie, l’urbanisme, l’imaginaire et la vision du monde propres à la ville de Québec. Ensemble, ils animent la revue La Conspiration dépressionniste. Ils entendent vous faire passer un bien mauvais 400e.

Plus d'infos ici.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Notre ville, c'est notre grande maison. C'est pour cela que ce livre nous interpelle directement.

Je trouve la présentation générale un peu lugubre... Moi, j'aime Québec et je la trouve belle. Vous direz peut-être que l'amour rend aveugle, mais c'est comme ça!

Et cette ville je la connais bien, pour avoir habité longtemps sa banlieue, aujourd'hui annexée, et vivre maintenant au centre-ville. Et je me suis appliqué à visiter, à pied et en long et en large, chacun de ses quartiers: Vieux Québec, Saint-Rock, Saint-Sauveur, Limoilou, Saint-Sacrement, Sillery, Sainte-Foy, Charlesbourg, Giffard, Courville, Montmorency, etc. J'ai fait toutes ses escaliers l'une après l'autre. J'adore les fêtes de quartier, surtout celles de Saint-Jean-Baptiste et de Saint-Sauveur.

Comme je l'ai écrit, je considère la ville comme ma grande maison. Et j'ai hâte de voir ce que vous dites, et même si elle est imparfaite c'est quand même ma famille ma ville.

Anonyme a dit…

L'ancien curé de St-Rock avait imagé la revitalisation du Quartier come suit: La partie du quartier située au nord de la rue St-Joseph (celle revitalisée) de Berlin ouest et celle au sud de St-Joseph de Berlin est, à l'époque du Rideau de fer.

Moi aussi je viens de la banlieue "faque" je sais de quoi je parle. La banlieue c'est la mort cérébral. Sa ni saveur, ni couleur, ni odeur, bref un trou noir. allez visiter la rive sud (le nouveau dortoir de la ville de Québec) pour vous en convaincre.

Julius

Nicolas a dit…

Juste une clarification, nous --le collectif qui édite ce blogue-- n'avons rien à voir avec ce livre.

C'est juste une plogue parce que les gens qui ont fait le livre sont en général plutôt sympathiques et qu'on les aime bien.

J'ai hâte de voir ce qu'ils ont à dire même si, moi aussi, je ne suis pas fondamentalement dark par rapport à Québec.

J'aime cette ville. Je me suis même exilé de Montréal --il y a fort, fort longtemps-- pour venir y habiter. Il faut juste être conscient d'une chose. Cette ville existe et est belle et bonne de même parce que des gens se sont battu. Il fut une époque où les autorités voulaient tuer le coeur de la ville. Mais ça ne s'est pas passé. C'est beaucoup au mouvement populaire que l'on doit la ville telle qu'on la connais. D'ailleurs, à bien y réfléchir, outre les belles pierres, ce qui me fait réellement triper à Québec ce sont les mouvements sociaux et culturels.

Anonyme a dit…

Julius a écrit: "L'ancien curé de St-Rock avait imagé la revitalisation du Quartier come suit: La partie du quartier située au nord de la rue St-Joseph (celle revitalisée) de Berlin ouest et celle au sud de St-Joseph de Berlin est, à l'époque du Rideau de fer."

L'image est bonne, mais je pense qu'il y a inversion, c'est la partie sud qui a été revitalisée et serait Berlin-Ouest.

Je pense que tu devras préciser ce que tu entends par banlieue: les quartiers périphériques de Québec (ex. Courville qu'un membre du comité exécutif vient tout juste de qualifier de "Liban" -- ce qui semble te donner raison) ou la vraie banlieue (ex. Boischatel).

C'est vrai que ce sont les groupes populaires qui donnent leur vie à Saint-Jean-Baptiste ou Saint-Sauveur.

Anonyme a dit…

Née dans un village collé sur le mont Sainte-Anne, mes parents on eu la généreuse idée de déménager les pénates familiales en banlieue de Québec à l'approche de mon adolescence. Raison : que je ne finisse pas aussi débile que les ados du village en question. Le temps allait leur donner raison, malheureusement; l'endroit était si dépressiogène (il l'est encore) que ceux qui y sont restés sont soit morts (suicides, accidents de la route, etc. en quantité phénoménale), soit alcooliques, soit "sur les pelunes", comme on dit communément, soit comme arrêtés dans le temps (post-ados de 40 ans attardés...).

Tout ça pour dire que j'ai passé mon adolescence en banlieue de Québec, et que la torpeur qui y régnait alors (fin des années 80) ne semble pas se démentir encore aujourd'hui. J'y retourne régulièrement avec mon conjoint et mes enfants pour visiter les grands-parents, et c'est toujours aussi mortel. Après trois jours, la tête nous ramollit, les yeux nous arrivent dans le même trou, le tonus nous fuit : c'est insupportable.

Mais pour revenir à ma vie à Québec, je veux dire à Québec-Centre-Ville, elle a commencé à l'âge du cégep, pour se terminer à la fin de la maîtrise. La ville commençait déjà à s'"embellir" (selon les critères des hygiénistes urbains), et devenait de plus en plus plate - chanceuse que je suis, je crois, j'ai pu vivre une jeunesse trépidante et colorée dans cette ville : dans les années 90, on pouvait encore fréquenter des cafés vivants, faire des rencontres fortuites (il habitait du monde dans les maisons, qui n'étaient pas encore transformées en pieds-à-terre pour richissimes planétaires), jaser sur les perrons, faire la fête dans la ville sans être trop inquiétés, bien que le nettoyage (qui allait devenir compulsif) faisait déjà sentir son Windex bleu police. À la fin des années 90, après un séjour professionnel de quelques mois à Ottawa qui a fini de me rendre allergique aux capitales en carton-pâte, je me suis finalement établie sur le Plateau, que je n'ai pas quitté depuis. Après avoir subi une éviction de mon appartement pour cause de condoïsation de l'immeuble (à chaque ville sa plaie), déplacement vers... un condo (un vrai), mais loué, pour quelques années, puis vers un condo (un autre vrai), acheté celui-là. Nous voilà donc plus durablement exilés, et depuis que nous sommes arrivés dans ce quartier (Plateau ouest, limite Mile-End), les gens de Québec de notre génération nous pleuvent dessus. L'inévitable discussion refait toujours surface : non, personne ne veut y retourner. C'est beau, mais ça tue. Et il n'y a rien, en ville s'entend, pour les jeunes familles, et il n'est pas question d'aller vivre autour des autoroutes et des ponts, d'une ville ou d'une autre.

Le centre-ville de Québec est si peu accueillant pour les dites jeunes familles, que je crois avoir entendu qu'au dernier recensement, il y avait quelque chose comme trois familles avec enfants d'âge scolaire qui habitaient le Quartier latin. Trois!!! D'ailleurs, le fait que l'on ne trouve, dans tout le Vieux-Québec, qu'une seule et unique aire de jeux (pas belle et en mauvaise condition, sur les Plaines), payée par les concessionnaires et les propriétaires de chars de marque Saturn, montre à lui seul combien on s'y contrefiche des enfants comme de la construction d'espaces véritablement publics. Quand Thanatos nous tient, c'est comme rien... Re-d'ailleurs, des amis qui habitent tout près (des Plaines) et qui en ont deux, de flos, se font constamment rabrouer par des voisins croupissants qui ne veulent pas les entendre jouer dans la cour. Ce genre de scène ne nous est jamais arrivée à Montréal. Jamais!