jeudi 18 septembre 2008

Voter pour le moins pire n'est ni utile, ni stratégique



L'exécutif de la CSN propose aux 250 délégués du Conseil confédéral de la centrale d'adopter une consigne de vote utile et stratégique. La direction de la CSN est loin d'être la seule dans ce cas. En fait, c'est devenu une véritable épidémie. La perspective d'un gouvernement Harpeur majoritaire fait faire dans leur froc à un nombre grandissant de «progressistes».

Pour bloquer Harpeur --sans jeu de mots-- il faudrait se boucher le nez et aller voter pour le parti qui a le plus de chance de passer dans le comté. Désolé, mais ce n'est pas une tactique gagnante. Voter pour le moins pire une fois tous les quatre ans ne conjurera pas le mauvais sort et ne nous fera pas avancer.

Donner des consignes de vote n'est ni stratégique, ni utile. Les populistes reprochent déjà aux partis les moins à droite de l'échiquier d'être inféodé aux syndicats et aux lobbys. Une consigne de vote publique de la FTQ ou de la CSN en faveur du Bloc ressemble fort au baiser de la mort. Sans compter le fait qu'elle risque de n'être suivie que par les personnes qui auraient vraisemblablement voté contre Harpeur de toute façon. Si jamais le Bloc s'effondre, comme le PQ la dernière fois, les mouvement sociaux vont avoir l'air fou et n'auront réussi qu'à démontrer une fois de plus leur peu d'influence sur la conjoncture.

La force des mouvements sociaux ne se trouve dans les urnes. Ce n'est tout simplement pas leur terrain! C'est dans la rue, par la mobilisation, qu'ils ont une influence. Leur indépendance politique est vitale quand vient le temps de revendiquer et de mobiliser. En effet, autrement on soupçonne toujours une manœuvre partisane et ça, c'est jamais bon dans un rapport de force ou une négociation. Les mouvements sociaux doivent au moins donner l'impression que leurs luttes sont désintéressées, politiquement parlant, et qu'ils ne sont motivés que par les intérêts de leurs membres. Prendre une position partisane dans une élection, c'est diminuer ce rapport de force social.

Les appels au vote stratégique et utile ne tiennent pas compte de tout un pan de la réalité. Le vote de droite n'est pas qu'un vote de contestation (bien qu'il y ait un peu de ça). Il y a un vrai mouvement populiste qui est là et qui s'est implanté. De plus, les gens se font abreuver jour après jours, dans les médias, de propagande populiste. Dans plusieurs régions, comme la nôtre malheureusement, le populisme est en train de devenir la nouvelle majorité sociale et «le gros bon sens». Une consigne de vote n'y changera rien et ne mobilisera que les convaincus.

Ce dont nous avons besoin c'est d'une cure de désintoxication. Au lieu de partir en peur en campagne électorale, ce qui serait vraiment stratégique ce serait de se donner les moyens de reconquérir une majorité sociale. Les syndicats, notamment, sont assis sur des tonnes et des tonnes de fric, disposent d'importantes ressources humaines et ont un moyen direct de rejoindre les principales victimes du populisme (la classe moyenne). Ce qui serait stratégique ce serait d'adopter un plan quinquennal d'éducation politique. De publier des journaux qui ne s'adressent pas qu'aux cadres du mouvement. De multiplier les occasions d'échanges et de mobilisation. Si seulement les syndicats mettaient autant d'énergie à repolitiser leurs membres qu'ils en mettent pour leur vendre des REER...





En passant, voici la position de la NEFAC:

Ce pour quoi nous votons:
autogestion & démocratie directe


Agir au lieu d'élire!



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faut donc favoriser les conservateurs en ne votant pas!

Anonyme a dit…

Tout de même, la FTQ ne devrait pas faire ça. Ce n'est pas dans son mandat!