jeudi 28 octobre 2010

Le FRAPRU bloque un édifice des Forces aériennes du Canada à Ottawa

Du logement social au lieu des F-35 !



Une vidéo de Bill Clenett, un militant de l'Outaouais

Hier, quelques 450 locataires ont exprimé leur colère contre les choix budgétaires du gouvernement conservateur de Stephen Harper, en bloquant des bureaux de la Force aérienne du Canada, au 400, rue Cumberland, à Ottawa. Il y avait des gens de l'Outaouais, de Montréal, de Sherbrooke et même de Québec (26 militant-e-s avait fait le voyage).

==> Quelques photos

Le FRAPRU, qui avait mobilisé tout ce beau monde, voulait protester avec force et conviction contre la décision de réduire d’un milliard $ par an, à compter du 1er avril 2011, les fonds consacrés à la construction et à la rénovation de logements sociaux au Canada. Le FRAPRU ne digère pas que ces réductions surviennent au moment où le gouvernement vient d’accorder, sans appel d’offres, 9 milliards $ à la compagnie américaine Lockheed Martin pour l’achat de 65 avions chasseurs F-35, de même que des sommes pouvant s’élever jusqu’à 7 milliards $ pour leur entretien.

Le coordonnateur de l’organisme, François Saillant, est scandalisé : « Avec le coût d’achat et d’entretien d’un seul F-35, le gouvernement aurait pu subventionner jusqu’à 3500 logements sociaux. Ça en dit long sur les priorités du gouvernement Harper qui est prêt à engraisser l’industrie de la mort, tout en réduisant à des miettes son aide au logement pour les sans-abri, les mal-logés, les communautés autochtones et nordiques, ainsi que pour les locataires à faible revenu demeurant dans les logements sociaux existants ». Il rappelle qu’en 2011-2012, le budget du Ministère de la Défense nationale approchera les 22 milliards $ par an, soit onze fois plus que ce qui restera dans le budget de la Société canadienne d’hypothèques et de logement.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a confirmé, à plusieurs reprises au cours des dernières semaines, sa décision de mettre fin, à partir de ce moment, à ses mesures de relance économique amorcées en 2009, dont celles pour le logement. En raison de la fin des investissements prévus dans le plan de relance économique, les provinces recevront annuellement 250 millions $ de moins pour la construction de logements sociaux et 500 millions $ de moins pour la rénovation de logements sociaux existants. Les Premières Nations seront quant à elles privées de 200 millions d’investissements par an et les communautés nordiques de 100 millions $.

Le FRAPRU lui demande de revenir sur cette décision, en maintenant ses investissements des deux dernières années dans la rénovation et l’amélioration des logements sociaux existants et en portant à 2 milliards $ par an ses investissements pour la construction de nouvelles habitations. Pour François Saillant, « il n’est pas aussi clair que le prétend le gouvernement Harper que la crise économique est vraiment derrière nous ; ce qui est clair en revanche, c’est que la crise du logement, elle, continue à frapper très durement partout au Canada, y compris au Québec ».

Selon les chiffres mêmes du gouvernement fédéral, en 2006, avant même le déclenchement de la crise, 1 494 400 ménages avaient des besoins urgents de logement au Canada. De plus, on évalue entre 150 000 et le 300 000 le nombre de sans-abri.

Depuis le printemps dernier, certains secteurs des mouvements sociaux tentent de hausser le ton dans les luttes. Il y a eu le déchiquetage du pseudo-plan de lutte à la pauvreté du gouvernement et le manifeste-agi du Collectif pour un Québec sans pauvreté, les nombreuses actions de la coordination québécoise de la Marche mondiale des femmes (dont une occupation de bureau à Montréal et de nombreuses actions colorées au sens propre [i.e. collage, bombage, peinturlurage...]). Il y a maintenant les blocages. C'est le deuxième pour le FRAPRU, le premier ayant eu lieu le 30 septembre, et il y en aura un autre, à Montréal, le 23 novembre. Serions-nous en train d'assister à un début timide de radicalisation des luttes? À suivre...

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